mardi 2 septembre 2008

Coffret Louise Brooks, 2004

En 2004, les Editions Carlotta Films éditent un coffret de trois DVDs consacré à Louise Brooks. Il contient trois films de l'actrice américaine ainsi que des reportages autour d'elle et des personnages qu'elle a inspirés.



On y trouve une interview de Floc'h dans un style assez découpé intitulée "A propos d'Olivia... entretien avec Floc'h". Le thème en est bien sûr la ressemblance d'Olivia Sturgess avec Louise Brooks.

En voici la retranscription :




Sur les affiches des derniers films d’Alain Resnais, apparaît à chaque fois une femme au court carré de cheveux noirs. C’est Sabine Azéma, la seule actrice française que l’on associe immédiatement à la coupe Louise Brooks.

Hasard Ou Coïncidence ?

Deux décennies plus tôt, l’illustrateur Floc’h a imaginé une héroïne, nommée Olivia Sturgess, vue dans trois albums de Floc’h et Rivière, Le Rendez vous de Sevenoaks, Le Dossier Harding et A la recherche de Sir Malcolm.

Olivia Sturgess est une garçonne souvent vêtue de costume masculin, de nœud papillon et coiffée d’un casque de cheveux noirs. Les amateurs de bande dessinée n’ont vu en elle qu’une flapper des années trente sans lien spécifique avec l’héroine de Loulou. Alors que son dessinateur a bel et bien songé à Louise Brooks, ajoutant un chapitre méconnu à la construction du mythe.



Floc’h : A l’époque où j’ai fait avec mon ami Rivière mon premier bouquin qui s’appelait le Rendez Vous de Sevenoaks, et où apparaissait un personnage qui s’appelait Olivia Sturgess, il y avait une redécouverte de Louise Brooks au cinéma. Il faut comprendre que Louise Brooks a éclaté presque de nouveau. Non seulement on aimait les films, non seulement on aimait Louise Brooks, mais il apparaissait que Louise Brooks était quelqu’un plus grand que ses films, qu’elle représentait même quelque chose de plus grand que les années 1920-1930. Je pourrais le dire de la meilleure façon en citant Poliakoff qui disait « il faut qu’un tableau soit plus grand que ses dimensions ». Et bien je pense que Louise Brooks était plus grande que le cadre dans lequel elle évoluait. Et donc quand j’ai créé ce personnage, j’ai tout de suite eu envie d’utiliser l’apparence de Louise Brooks.


Dans un univers personnel, le personnage que l’on créé est une création composite. C’est à dire que l’on va prendre un petit peu de ceci, un petit peu de cela pour arriver à nos fins. Vita Sackville West pour le caractère androgyne, Virginia Woolf et Patricia Highsmith pour l’esprit d’écriture, Louise Brooks et Katherine Mansfield pourl’apparence physique. Je pense d’ailleurs que les deux autres dessinateurs qui l’on utilisée à cette époque là, à savoir Hugo Pratt et Guido Crepax, ont de la même façon pris Louise Brooks en partie simplement, même si, parce que c’est l’apparence première, elle semble être extrèmement utilisée, mais en fait chacun l’a emmenée dans son monde, dans son univers personnel.

Je crois que c’est naturellement que je l’ai rendue plus masculine ou plus androgyne. C’est à dire que mon personnage porte volontiers le costume ou le tailleur et avec une cravatte parce que cela dit : « Voilà un personnage plus froid, plus intellectuel ». Louise Brooks a des formes. Moi j’en ai fait quelqu’un de plus longiligne.


Plus j’avançais et, je dirais, mieux je dessinais, plus j’avais envie de me rapprocher de Louise Brooks en fait, c’est à dire plus j’avais envie d’enlever du masculin chez mon personnage et de la rendre plus jolie. Je crois que la différence aussi c’est que mon personnage Olivia Sturgess a un nez un peu plus busqué pour ajouter à cette masculinité de cette cérébralité.



Je pense que la particularité de Louise Brooks est sa modernité, c’est à dire qu’elle échappe aux années vingt. On sait que cette coupe de cheveux est un pur produit des années vingt, puisque beaucoup de femmes portaient cette coupe, et donc ce n’est pas elle qui l’a inventé, mais je pense que la vérité de la modernité de Louise Brooks n’est pas que dans sa coupe, mais dans Louise Brooks elle-même, il y a une simplicité dans son visage, son visage est moderne, cela pourrait être une fille d’aujourd’hui. Son esprit vif et libre y ajoute et transparait dans son allure. A l’arrivée, elle battra peut être même des monuments comme Greta Garbo, et Marlène Dietrich, dans le souvenir, en tous cas dans l’apparence physique. Pas dans la carrière qui n’est pas de la même dimension, mais dans l’apparence physique et, dans une sorte de modernité. C’est tout à fait possible qu’elle l’emporte.

1 commentaire:

Pauline a dit…

Merci pour ce site sur Floc'h, cela manquait vraiment ! Et bravo pour le tenir à la page, je repasse souvent !